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Poésie

 

MES ANCÊTRES



  Ils se multiplient tous en remontant les ans
  S'évanouissent ensuite dans la nuit des temps.
  Leur nombre exponentiel me donne le vertige.
  Ils forment une branche, un rameau, une tige,
  De plus en plus petits, de plus en plus lointains.
  Mais que serait mon arbre sans cet apport sans fin ?
  C'est dans cette abondance qu'il vient puiser sa sève,
  Dans cet aspect touffu qu'enfin prend corps mon rêve.

  Avant de s'en aller, hélas, à tout jamais,
  Ils ont pleuré, dansé et ils se sont aimés.
  Ils ont connu des joies, des drames, des souffrances,
  La famine, le froid, le bonheur, les errances,
  Les invasions, la guerre, le progrès et la paix,
  Ont manié la fourche, la quenouille ou l'épée,
  Se déplaçant à pied, à cheval, en carrosse,
  Restant près du clocher ou bien roulant leur bosse.

  A travers les époques, les coutumes, les lois,
  Avec des empereurs, des présidents, des rois
  Du fabricant de drap au maréchal ferrant
  Du pauvre journalier au riche paysan,
  Ils ont forgé l'Histoire et laissé leur empreinte
  Sur une vaste fresque que chacun d'eux a peinte.
  Sans se douter, qu'un jour, sur un ordinateur
  Leur existence enfin serait mise à l'honneur !

  Sans cette chaîne humaine, sans ces précieux maillons
  Qu'ils soient en beaux atours ou qu'ils soient en haillons,
  Sans ces vies, ces naissances, ce cycle interminable ( ? )
  Qui n'était pas pour eux toujours très charitable,
  Sans ce fil qu'ont tissé maintes générations,
  Avec persévérance, avec obstination,
  Je ne serais pas là pour leur dire merci.
  Oui, ce sont mes ancêtres !.
        Peut-êtr' les vôtres aussi ?

Annie ARMAND-NOUVEL

NOUS, LES FOUS DE GÉNÉALOGIE

 

Son virus se répand partout dans le pays
Et je l’ai attrapé il y a quelques années.
Certes, il ne propage aucune maladie
Mais... il rend un peu fous ceux qu’il a attaqués.

Il ne faut pas, c’est sûr, avoir toute sa tête
Pour passer ses vacances à hanter les archives,
Dans tous les coins de France, poursuivre son enquête,
Et le congé suivant… voilà qu’on récidive !

Faut-il être vraiment sain d’esprit, dites-moi,
Pour venir s’enfermer, les jours ensoleillés,
Avec de vieux registres qui nous mettent en émoi,
Des actes centenaires pour nous émerveiller ?

Il doit probablement nous manquer une case
Pour qu’un nom gribouillé nous transporte de joie,
Pour qu’un acte trouvé nous remplisse d’extase,
Pour qu’un lieu illisible nous mette aux abois !

Devant de sombres écrans qui fatiguent nos yeux
Nous passons maints moments dans des salles obscures,
Afin de dénicher de très lointains aïeux
Et pouvoir les léguer aux époques futures.

Il arrive parfois qu’on perde les pédales
Dans cette profusion de frères, de parrains,
De tantes, de cousins, qui forment un vrai dédale
Où il est parfois dur de trouver son chemin !

C’est un puzzle géant aux innombrables pièces,
Qu’avec beaucoup d’ardeur et de persévérance,
Il nous faut rechercher et assembler sans cesse
En demandant souvent de l’aide à Dame Chance.

En haussant les épaules, d’aucuns pourront trouver,
Qu’il y a mieux à faire qu’à fouiller le passé.
Que l’avenir étant plus digne d’intérêt,
C’est bien plutôt vers lui qu’il faudrait se tourner.

Mais on pourrait répondre à ces indifférents
Que leurs ancêtres aussi leur ont transmis la vie,
Qu’ils devraient tout au moins être reconnaissants
Et pour les remercier, les sauver de l’oubli.

Même si un chercheur découvrait un vaccin
Pour nous remettre un peu le cerveau à l’endroit,
J’entends continuer cette quête sans fin,
Rester un peu toquée…. Après tout, c’est mon droit ! !

ANNIE ARMAND-NOUVEL