les forges en Gaume
Le premier travail du fer en Gaume a sans doute démarré vers 700 avt notre ère. Des vestiges de foyers et des scories provenant de fours à produire du fer datant de l'antiquité celtique ont pu être retrouvés.
C'est toutefois vers le XIIIé Siècle que des forges s’établissent au bord des cours d’eau. Ceux-ci, équipés de roues hydrauliques, animent des souffleries et, par l’action d’un arbre à cames, donnent plus de force aux marteaux.
Le haut-fourneau véritable, fonctionnant comme tel aux XVe XVIe et XVIIe siècles pouvait atteindre une hauteur de 5 à 7 mètres. Cette augmentation de volume permettait l’apport d’une plus grande quantité de combustible. La forme intérieure du fourneau, deux cônes tronqués, se touchant par leurs grandes bases, assure au haut-fourneau un rendement appréciable. La vidange après chaque loupe, n'est plus nécessaire: la base de l’appareil est désormais équipée d'un réservoir, le « creuset », dans lequel descendent le laitier et la fonte liquide, le laitier surnageant grâce à sa moindre densité. Le minerai étant fondu, on débouche l’issue à hauteur des éléments en fusion, libérant d’abord le métal et ensuite le laitier. Ce haut-fourneau fonctionnait en marche continue et n’était éteint qu’en fin de campagne après 6 ou 9 mois.
Le succès du fer en Gaume s’explique par la conjonction d’un certain nombre d'éléments.
- le minerai de fer. On le trouvait en abondance, le plus souvent à faible profondeur, parfois au ras du sol. Il était récolté par les petits cultivateurs, à leurs moments perdus, et amené par leurs soins dans les lieux où il allait être traité.
- les riches massifs forestiers. Le charbon de bois était préparé par des hommes rudes et courageux. Le charbon de bois fut, en effet, jusqu’à la fin du 18e siècle, le seul combustible utilisé par l’industrie du fer.
- les rivières encaissées et d'un débit régulier permettent la création d'étangs qui assurent la force motrice hydraulique indispensable aux forges.
A partir du 16e S, le Pays Gaumais devient, pour 300 ans, le siège de la grande métallurgie. Les usines à fer, désignées souvent sous le nom générique de forges, sont très nombreuses. Sur le territoire de la commune d’Etalle nous retrouvons le Fourneau Marchant à Fratin et Montauban à Buzenol.Pendant pratiquement un demi-millénaire, la Lorraine belge a connu une activité industrielle intense.
Le travail du fer donna la prospérité à la région. Les mines de fer exploitées dans toute la contrée du sud le long de la frontière française. Les forgeries, platineries, disséminées partout et particulièrement à Buzenol, Chatillon, Pierrard, Habay, le bassin de la Rulles, etc….
C’est ainsi qu’en 1764, on dénombre dans le Luxembourg, 43 fourneaux, 44 forges, 8 fenderies, 18 platineries. La moitié de ces établissements se trouve en pays gaumais. La plus grande partie de la production est exportée vers la France ou le pays de Liège.
Cette industrie donne du travail non seulement aux ouvriers qu’elle occupe directement, mais aussi à de nombreux bûcherons, à des charbonniers, à des voituriers qui transportent tantôt du charbon de bois, tantôt du minerai, tantôt des produits manufacturés.
Le charbon de bois, utilisé comme combustible, était fabriqué dans la forêt par les charbonniers selon une méthode ancestrale. Il s’agissait d’un travail minutieux et éprouvant. Généralement, ils commençaient leur travail en mai. Le bois, coupé en hiver, avait séché en mars et avril. Le sol était tout d’abord aplani, le bois était ensuite coupé, séché, dressé sur un tas en forme de cône (meule) et recouvert de frasin (un mélange de terre et de poussière de charbon) avant qu’on y mette le feu. Cinq à six jours plus tard, le fourneau était étouffé et pouvait refroidir. Alors la meule était ouverte et le charbon de bois extrait.
Une fois produit, le charbon de bois était transporté et stocké dans la halle à charbon proche de la forge.
La découverte du charbon a rendu inutile le charbon de bois et donc les sites des forges situés en lisières nord et sud de l'Ardenne ont progressivement cessé leurs activités sidérurgiques, qui se sont déplacées soit sur les mines de charbon (Charleroi par exemple) ou sur les mines de fer (Longwy par exemple).