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Marie PICARD (épouse DEPAGE)

 

Marie nait en 1872. A 17 ans, elle rencontre un jeune médecin au caractère fort, Antoine DEPAGE qui mène un combat contre la vétusté des hopitaux bruxellois. Elle, rafinée et dotée d'un caractère optimiste et lui, plutôt rustre mais intelligent, s'appécient et se marient le 8 août 1893.

Marie, douée en dessin, va étudier l'anatomie pour réaliser des planches reproduisant des opérations chirurgicales pour illustrer les cours que donne son mari à l'université.

Parlant couramment l'anglais, elle fonde avec son mari,la société internationale de chirurgie. Les nombreux congrès tenus à bruxelles sont autant d'occasions de rencontrer des éminents médecins du monde entier et de tisser ainsi un réseau de relations qui se révélera bien utile pendant la guerre.

En 1907, Antoine DEPAGE fonde l'École belge d'infirmières diplômées. Cette école a pour objectifs, d'une part, de remédier à l'insuffisance de formation professionnelle des religieuses chargées des soins aux malades, et, d'autre part, de donner aux jeunes filles l'occasion d'exercer une profession leur assurant une certaine indépendance matérielle sans avoir à prononcer leurs vœux. C'est la première école belge qui répond aux exigences des progrès de l'organisation médicale. Pour la formation pratique, un petit Institut médico-chirurgical pouvant accueillir vingt malades est annexé à l'école.il confie la direction générale à Edith Cavell tandis que la direction administrative et financière est assurée par son épouse. Cette école joue un rôle fondamental dans le développement du nursing en Belgique et pourtant, elle a suscité, à ses débuts, de violentes réactions dans les milieux catholiques et bourgeois, ainsi qu'au sein des équipes de religieuses qui avaient auparavant le monopole dans ce domaine. Ces dernières entrent en grève, pensant faire barrage aux infirmières laïques et aux DEPAGE. Mais remplacées d'abord et immédiatement par des bénévoles, cette tentative de pression avortée permet aux infirmières laïques et diplômées d'entrer au service des institutions publiques.

De cette union nait trois garçons dont le cadet, Henri, écrira plus tard que ses parents lui "avaient inculqué la notion de responsabilité tant vis à vis de soi même que de la vie sociale".

Interssée par le tout jeune mouvement scout créé en Grande-Bretagne par Baden Powell, Marie traduit ses ouvrages et, avec quelques couples d'amis, met sur pied le mouvement scout en Belgique en 1910.

En aout 1910, suite à une grève des religieuses de l'hôpital Saint Jean de Bruxelles dirigée contre son mari, Marie parvient à réunir, parmi ses connaissances, une équipe d'infirmières qu'elle dirige.

En 1912, lors de la première guerre balkanique, elle part en Turquie avec son mari et Pierre, son fils ainé, aménager des ambulances belges à l'hôpital de Tach Kicha et à Constantinople ;

La guerre éclate, et elle aide son mari à transformer l'hôtel de l'Océan à La Panne en hôpital de guerre ainsi qu'à établir des unités chirurgicales mobiles au plus près des tranchées du front de l'Yser.

En 1915, elle part aux États Unis afin de récolter des fonds pour alimenter l'hôpital de l'Océan. Parcourant le pays, elle met en place des comités de soutien belgo-américains de la croix rouge et récolte 100 000 USD.  Apprenant que Lucien, son deuxième fils âgé alors de 17 ans, rejoint son frère aîné sur le front, elle décide alors de revenir en Belgique libre.

À New-York, deux possibilités d'embarquement s'offre à elle, soit le SS Lapland pour le port de Liverpool, soit le RMS Lusitania pour le port de Queenstown. Le deuxième partant deux jours tard mais arrivant en Europe le même jour, elle choisit ce dernier et obtient la cabine E-61.

Le 7 mai 1915 à 14 h 10, le paquebot est torpillé à tribord par le sous-marin allemand U-20.

Avec l'aide du docteur James Houghton, chirurgien à Troy, elle calme les passagers et les aide à embarquer dans les chaloupes de sauvetage. Marie Depage soigne aussi les mains de plusieurs matelots et du boxeur anglais Matt Freeman, mains blessées en descendant les chaloupes à l'eau.

Lorsque l'eau arrive à hauteur du pont supérieur, le docteur Houghton et Marie se jettent à l'eau mais elle s'empêtre dans les cordages et se noie. Son corps sera ramené à Liverpool où son mari l'attendait. Il rapatriera son corps à La Panne.

C'est la reine Elisabeth, dira son fils, qui en travaillant 3 heures par jour à l'hopital, rendra à son père,  le goût au travail.

 (Source: "La vie d'Antoine Depage", Henri Depage, sur le site de l’Université Libre de Bruxelles). Voir aussi les sites Médecins de la Grande Guerre et Wikipedia

Pour info complémentaire:

7 mai 1915
Le torpillage du Lusitania
 
Le 7 mai 1915, au début de la Première Guerre mondiale, le paquebot britannique Lusitania, en provenance de New York, est coulé par un sous-marin allemand.
À la fin de l'année 1914, les Européens en guerre les uns contre les autres avaient perdu l'espoir d'une fin rapide du conflit. Les Anglais et les Français tentent le tout pour le tout et entreprennent un blocus maritime de l'Allemagne et de l'Autriche.

Forte de sa supériorité maritime, la flotte britannique se saisit des navires des pays neutres à destination de l'Allemagne. Mais cette dernière riposte en proclamant la guerre sous-marine contre les navires de commerce ennemis, à l'instigation de l'amiral Alfred von Tirpitz, le créateur de la Kriegsmarine. Elle dispose pour ce faire d'environ 25 sous-marins ou U-Boat contre 85 britanniques et 76 français (ce type d'engin est apparu au début du XXe siècle).

C'est ainsi qu'est coulé le Lusitania près des côtes irlandaises par un sous-marin U20. Les Allemands se justifient en prétextant que le paquebot transportait des munitions, ce que les Anglais nient farouchement.

Il faudra attendre 1972 pour que les archives démontrent la mauvaise foi des Anglais. Le Lusitania convoyait en effet des munitions en contrebande. Il était au surplus armé de 12 canons.

Mais le paquebot transportait aussi 1959 passagers. 1198 disparaissent dans le naufrage. Parmi eux 128 Américains.

Le président américain Woodrow Wilson prend prétexte du drame pour menacer l'Allemagne et exiger réparation. Berlin s'inquiète de l'irruption d'un nouvel ennemi aussi puissant que les États-Unis et suspend la guerre sous-marine. Un peu tard...

De neutraliste, l'opinion publique des États-Unis devient peu à peu favorable à un engagement militaire contre les Puissances centrales, aux côtés de l'Entente. Deux ans plus tard, le pays entrera en guerre contre les Puissances Centrales avec un slogan quelque peu usurpé : «Remember the Lusiania» !

André Larané.
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